Informations générales
Intitulé de l'offre : H/F Contrat doctoral en science politique sur l'ethno-nationalisme en Ethiopie (Tigray)
Référence : UMR8171-MARPOM-002
Nombre de Postes : 1
Lieu de travail : AUBERVILLIERS
Date de publication : mardi 1 juillet 2025
Type de contrat : CDD Doctorant
Durée du contrat : 36 mois
Date de début de la thèse : 1 novembre 2025
Quotité de travail : Complet
Rémunération : La rémunération est d'un minimum de 2200,00 € mensuel
Section(s) CN : 40 - Politique, pouvoir, organisation
Description du sujet de thèse
Ce projet analyse l’ancrage rural du réveil ethno-nationaliste qui secoue l’Éthiopie depuis 2018. A ce seul titre, la recherche répond à une demande sociale sans précédent et permettrait de renseigner une contestation politique protéiforme, labile et résistant jusque-là à l’analyse. Provisoirement intitulée 'Guerre civile et nationalisme dans le Tigré rural contemporain', cette étude examine l’ancrage rural du nationalisme à partir d'une étude de cas menée dans le Tigray.
Le projet étudie l’ancrage social du nationalisme dans une région, où les paysanneries ont récemment fait l’expérience du conflit et de la violence ethnique. Il interroge la manière dont cela a récemment alimenté, et remobilisé des sentiments nationalistes. A la différence de la littérature produite sur le sujet, il interroge cette fabrique nationaliste depuis les groupes populaires et non depuis les élites et replace l’expérience contemporaine dans une historicisation plus longue (John Young, (1994), Alemseged Abay (1998), ou Aregawi Berhe, (2008)). En outre, en considérant principalement les visions, discours et pratiques du nationalisme tigréen tels qu'ils ont été articulés et promus par diverses forces de libération (armées) et partis politiques, ces travaux reproduisent une approche élitiste et partisane. S’ils ont exploré l'évolution des réponses paysannes aux mobilisations et aux affiliations aux forces armées et aux partis politiques, le rôle des paysans dans la (re)négociation et la (re)définition de la vision, des discours et des pratiques du nationalisme tigréen n'était pas mis en avant. Ce projet vise à corriger cette approche en empruntant au concept de « nationalisme paysan » de Chalmers Johnson (1964), qui considère les paysanneries non pas comme des acteurs « simples », « innocents », « passifs » et « sans résistance » dans les luttes nationalistes, mais comme des acteurs capables de (re)façonner le contenu et la forme du nationalisme et le cours des mouvements nationalistes.
Le projet observe ainsi comment la guerre civile – et ses interprétations populaires – a ancré le nationalisme dans les masses. Tout d'abord, il historicise la représentation de la paysannerie tigréenne dans les discours sur le nationalisme tigréen dans l'histoire prolongée des guerres civiles et des luttes de libération (armées), qui sont souvent définies et perçues comme des luttes paysannes. Ensuite, il replace la montée des discours et des représentations ethno-nationaux dans le contexte des expériences passées des politiques de développement ethno-fédérales, et observe, outre les actions individuelles, diverses contraintes structurelles qui ont contribué à la diffusion du nationalisme.
S'inspirant des théories critiques et des approches du politique par le bas, il détaille : 1) l'évolution de la réponse de la paysannerie tigréenne aux discours sur le nationalisme tigréen pendant la guerre civile et la période de lutte de libération dans un contexte pluraliste de groupes armés (par exemple, les réponses aux discours du TPLF, de l'EPRP, de l'EDU, du TLF, du Derg) et dans le Tigré contemporain dans un contexte de pluralisme des partis politiques (par exemple, les réponses aux discours du TPLF, des partis indépendantistes, de l'Arena et du PP). 2) le projet analyse le discours dominant de la paysannerie tigréenne sur le nationalisme tigréen contemporain. En se concentrant à la fois sur les représentations subjectives et collectives, l'enquête examine les différentes manières dont les paysans ont (re)découvert leur identité tigréenne, ainsi que les significations précises qu'ils attribuent à cette identité commune. La thèse vise à documenter les discours paysans sur le nationalisme, en accordant une attention particulière à leur formulation. Elle identifie les pratiques culturelles (Cantalupo, 2009) ; la propagande et d'autres emprunts politiques ; l’agencéité individuelle et des positionnements plus collectifs ; et leur historicisation afin de mieux documenter les expériences paysannes et la formation du nationalisme. Ce faisant, le projet s'éloigne de l'examen du cadrage partisan des discours nationalistes en Éthiopie et s'intéresse plutôt à la capacité des paysans à négocier leur « politisation », leur « dépolitisation » et leur « repolitisation », par exemple en accédant aux ressources de l'État.
Pour ce faire, le.la canditat.e développera une connaissance fine de son terrain et empruntera aux approches qualitatives. En milieu rural, il ou elle conduira des terrains longs. Une connaissance préalable de l’Éthiopie, et particulièrement du Tigray est nécessaire (de sa langue, de sa culture et de son histoire). Cette recherche nécessite un travail de terrain qualitatif minutieux. La recherche accorde une attention particulière aux récits personnels et a posteriori des expériences de guerre. Elle propose également, en milieu rural, une étude de sociologie politique habituellement réservée, en Éthiopie, aux milieux urbains et élitistes. Outre des observations sur la vie quotidienne et les conversations, ainsi que des rencontres avec les autorités locales (des chefs religieux aux fonctionnaires), la recherche s'appuiera sur des entretiens semi-ouverts axés sur les parcours de vie et des approches micro-historiques.
Contexte de travail
Le doctorant ou la doctorante rejoindra l’IMAF-Condorcet (UMR CNRS, IRD, Université de Paris I, EHESS, EPHE, Aix Marseille Université). Il sera inscrit à l’école doctorale de science politique de l’Université Paris1 Panthéon-Sorbonne ED119.
Le lauréat (H/F) réalisera des séjours prolongés en Éthiopie et une double affiliation avec le CFEE à Addis-Abeba est prévue. Le Lauréat s’inscrira dans le projet 'Réformes et ancrages de l’État dans l’Éthiopie d’Abiy Ahmed : tensions foncières, mobilisations identitaires, pratiques administratives et libéralisations économiques', il collaborera également avec le projet ANR COPE, 'Conflict and Politics in Ethiopia', ANR-22-CE55-012, hébergée à l’IMAF et au CFEE.
Contraintes et risques
La thèse de doctorat pourra être rédigée en français ou en anglais suivant les préférences de l’étudiant. La thèse sera inscrite dans l’École Doctorale de science politique de Paris1 Panthéon-Sorbonne. Une codirection sera réalisée avec Sabine Planel, Chargée de recherche à l’IRD et responsable de l’ANR COPE.
Une mobilité géographique nationale et surtout internationale est attendue du doctorant (H/F) pour effectuer ses recherches et participer aux activités du laboratoire et du CFEE (réunions, séminaire, conférences, etc). De longs séjours en Éthiopie, dans le Tigray (6 mois par an au minimum) sont à prévoir. Ils devront être réalisés en dehors de la capitale et exclusivement en milieu rural.
L'accès à la région d'étude est soumis à l'autorisation du FSD du CNRS et de l'Université Paris 1-Panthéon Sorbonne, informés par la représentation française en Ethiopie.