Description du sujet de thèse

Le sujet de thèse a pour ambition d’analyser – en mobilisant de façon interdisciplinaire les sciences de la soutenabilité, de la géographie humaine et de la socio-anthropologie – comment les dispositifs temporaires et/ou cycliques de gestion hybride des espaces et des ressources lagonaires qualifiés de rāhui en Polynésie française sont des révélateurs des processus de négociations entre parties prenantes par lesquels sont articulés des objectifs, parfois contradictoires, de i) préservation des habitats et ressources lagonaires, ii) de sauvegarde des modes de vie polynésiens liés à la pêche lagonaire et iii) de revalorisation de la culture et de l’identité polynésienne.
Deux thématiques clés permettront de mettre en lumière ces dynamiques et de répondre à la problématique. D’une part, il conviendra de mener une analyse de la manière par lesquelles les épistémologies polynésienne, administrative et scientifique pensent et agissent sur la saisonnalité et la temporalité de l’abondance des ressources halieutiques. De l’autre il s’agira de documenter les dimensions territoriales sous-jacentes à la mise en place de rāhui et la façon dont ils font transparaître les préoccupations écologiques liés à l’environnement marin, les rapports à l’espace – aussi bien matériels qu’immatériels –et les conflits d’usage pour accéder aux territoires et ressources lagonaires.
Enfin, grâce à l’articulation des sciences sociales et écologiques, il s’agira de développer une méthodologie innovante et des indicateurs socio-écologiques afin d’évaluer l’efficacité socio-écologique des dispositifs en question. La thèse s’inscrira alors dans une démarche transdisciplinaire afin de produire une recherche utile à la prise de décision publique.
En résumé, les missions du/de la doctorant.e seront de : i) analyser le contexte socio-politique de réémergence de la notion de rāhui et de faire l’inventaire des dispositifs existants à l’échelle de la Polynésie française ; ii) ethnographier les dynamiques économiques, sociales, culturelles qui animent la conception et la gestion de ces dispositifs hybrides sur deux sites d’étude en Polynésie française et iii) identifier des indicateurs et méthodologies de sciences participatives réplicables permettant d’évaluer l’efficacité socio-écologique des dispositifs de gestion.

Contexte de travail

La Polynésie française connaît, depuis trois décennies, une démultiplication des initiatives de gestion décentralisée des espaces et ressources lagonaires qui mobilisent la notion coutumière de rāhui (interdit temporaire de prélèvement des ressources sur un territoire donné). Les dispositifs contemporains de rāhui tentent d’articuler une notion polynésienne ancienne à des préoccupations contemporaines en matière de gestion et de préservation des ressources marines. Deux caractéristiques clés de ces dispositifs en font un objet d’étude ethnoécologique original. La dimension temporaire des dispositifs – qui tranche avec le caractère permanent des dispositifs conventionnels de gestion des espaces et ressources maritimes – soulève des questions importantes en termes d’efficacité écologique et des rythmes socio-économiques des systèmes de production haliutique. La diversité des finalités attenedues des dispositifs (revalorisation du patrimoine culturel ma’ohi, prérservation des ressources et maintien des petites pêcheries artisanales) suppose de saisir et documenter les dynamiques écologiques mais aussi socio-culturelles des dispositifs.

Contraintes et risques

Conditions de travail (horaires, quotité de travail, astreintes, sujétions particulières, déplacements, équipements de protections exigées, sites, habilitation / autorisations indispensables, …) ? Temps plein. Le/La candidat.e sera basé.e au CRIOBE – UAR 3278 de Moorea, Polynésie française. Il/Elle conduira des travaux d’enquête et d’ethnographie sur plusieurs îles de la Polynésie française. Le ou la candidat.e peut être amené.e à conduire des recherches de terrain dans des conditions éprouvantes (sorties en mer avec des pêcheurs exposées à des conditions parfois difficiles).
Contexte d’exercice du poste (spécificités de la structure/laboratoire ayant un impact sur l’exercice du poste ou sur plusieurs sites) ? Les travaux doctoraux s’inscrivent dans l’axe 4 du CRIOBE « Gestion des systèmes socio-écologiques ». Les travaux seront co-encadrés par Tamatoa BAMBRIDGE et Jean WENCÉLIUS. Le/La doctorant.e sera inséré.e dans un projet international et interdisciplinaire (TEMPO).