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Contrat doctoral H/F dans le cadre du projet GUYACOKE

Cette offre est disponible dans les langues suivantes :
- Français-- Anglais

Date Limite Candidature : mardi 15 octobre 2024 23:59:00 heure de Paris

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Informations générales

Intitulé de l'offre : Contrat doctoral H/F dans le cadre du projet GUYACOKE
Référence : UMR8586-FRALET-001
Nombre de Postes : 1
Lieu de travail : PARIS 05
Date de publication : mardi 24 septembre 2024
Type de contrat : CDD Doctorant/Contrat doctoral
Durée du contrat : 36 mois
Date de début de la thèse : 1 novembre 2024
Quotité de travail : Temps complet
Rémunération : La rémunération est d'un minimum de 2135,00 brut € mensuel
Section(s) CN : Espaces, territoires, sociétés

Description du sujet de thèse

Géographie et la sociologie du trafic de cocaïne depuis la Guyane française

Le trafic en provenance de Guyane (qui n’est qu’une zone de transit de flux venant des zones de production andines) a connu un essor considérable depuis dix ans, au point de représenter aujourd’hui 15 à 20% des entrées de cocaïne dans l’Hexagone (OFAST, 2020). Il utilise des modalités complexes, notamment les vecteurs aérien (fret, passeurs, envoi postal) et maritime (trafic conteneurisé, jusqu’ici peu étudié) et permet d’alimenter, de l’échelle locale à l’échelle nationale, différents réseaux de trafiquants installés de part et d’autre de l’Atlantique (Weinberger, Gandilhon, 2016 ; Weinberger, 2020). Il reste cependant peu connu sur bien des aspects, notamment son enracinement dans toute ou partie de la société guyanaise, le rôle d’acteurs externes ou encore les zones qu’il approvisionne en métropole et leur éventuelle spécificité. Pour pallier ces manques, le projet GUYACOKE a pour objectif d’analyser la géographie du trafic de cocaïne en provenance de Guyane, en s’intéressant aux différents acteurs et modalités d’acheminement de la drogue, et de comprendre la sociologie de ce trafic en s’intéressant en particulier aux passeurs et à leurs liens avec le reste de la société guyanaise.
Ce projet veut aider à mieux comprendre ce phénomène encore insuffisamment compris, en montrant notamment comment il tire ses spécificités sociales, géographiques, politiques et culturelles propres au contexte de la Guyane française. Comme on le sait, celle-ci est un territoire français et européen situé en Amérique du Sud, relativement proche (2500 km) des pays andins producteurs de cocaïne et partagé entre l’influence du narcotrafic surinamais, à l’Ouest, et l’émergence de nouveaux acteurs brésiliens, à l’Est. Ces spécificités, auxquelles s’ajoute un climat social tendu (IEDOM, 2019), sont la toile de fond de l’explosion et de la structuration d’une « filière guyanaise » de la cocaïne depuis une dizaine d’années (Karam, 2019).
Le projet repose sur la présente offre de contrat doctoral visant à proposer une approche sociologique et géographique du sujet en utilisant les principales sources existantes, notamment celles issues de l’appareil de sécurité intérieure et judiciaire, et en les complétant par de nouveaux éléments notamment issus d’une étude de terrain. Cette nouvelle perspective, permettra de mieux comprendre la réalité du phénomène, amenant en retour la possibilité d’une plus grande efficacité de la lutte contre le trafic et les addictions à la cocaïne.

Objectifs de la thèse
Le système du trafic de cocaïne en Guyane est complexe, et cette complexité se reflète dans les zones de départ en Guyane, dans les vecteurs utilisés et les acteurs impliqués, et dans da distribution dans les zones d’arrivée. Face à cet univers dense et ramifié, la thèse cherchera à mettre en lumière l’organisation de ces flux aériens et maritimes (objectif 1) qui découlent d’une situation sociogéographique guyanaise propice au trafic, notamment du fait de l’insertion de la Guyane dans l’Union européenne et du fait de la perméabilité de ses frontières.
La thèse se focalisera ensuite sur le phénomène des passeurs de cocaïne (ou mules), en s’intéressant aux aires de départs, d’arrivées et aux différentes modalités de transport (convoi de passeurs, taxi collectif, vol, train, autoroute, etc.). Il s’agit de dresser un tableau de la géographie de cette modalité particulière du trafic (objectif 2), qui a atteint un niveau impressionnant dans les années 2022-2024. Ce faisant, le ou la doctorante analysera la répartition des zones d’arrivées des passeurs, questionnant ainsi la prédilection des trafiquants pour les villes secondaires de métropole (OFAST, 2020 ; OFDT 2023). Il y a-t-il une corrélation entre les espaces de peuplement des guyanais en métropole et les destinations des passeurs ? Les villes secondaires sont-elles visées dans l’idée d’inonder de nouveaux marchés, ou ce trafic guyanais s’agrège-t-il à des marchés préexistants ? Les deux ?
Le fil conducteur des deux premiers objectifs sera de se demander dans quelle mesure la montée en puissance de la route guyanaise transforme le marché français de la cocaïne et quel est son rôle dans la géographie du trafic de cocaïne en France.
Le cœur du projet s’attachera à mener une étude sociologique et géographique sur le profil de ces passeurs (objectif 3) à partir d’une enquête de terrain et de l’analyse de récits de vie territorialisés, dans la lignée du travail de la sociologue G. Gadio mais en se basant sur un échantillon plus important afin de dresser un véritable tableau des acteurs impliqués dans ce trafic. Ce volet permettra de proposer des avancées théoriques sur la géographie des activités illicites en général, et celle du trafic des drogues en particulier.
En corollaire, la thèse cherchera à cerner la dimension géographique, sociale et culturelle du trafic de cocaïne chez les communautés de l’Ouest guyanais (objectif 4), en particulier les communautés bushinenguées (Gadio, Lamouroux, 2019). Cette partie de la recherche peut se formuler sur la base de deux interrogations complémentaires, la première portant sur le rôle de ces communautés dans le trafic (central ou périphérique ?) et sur son évolution, et la seconde sur le rôle de ce trafic pour ces communautés, en particulier sur son importance économique.
Les objectifs 3 et 4 sont donc plus centrés sur le territoire de départ, la Guyane, en se demandant quel est l’effet du trafic sur cette collectivité ultramarine française, et en particulier sur les communautés qui peuplent sa façade ouest
.Méthodes, démarches scientifiques
La thèse mettra en œuvre une série de méthodologies quantitatives et qualitatives afin de parvenir à des analyses précises des phénomènes liés au trafic de cocaïne passant par la Guyane française.
Concernant la partie quantitative, les sources officielles seront utilisées afin d’envisager les routes et les volumes connus à ce jour. Ces sources seront complétées avec les enquêtes de terrain mais aussi avec d’autres données, comme l’analyse de la presse régionale ou le recueil des éléments diffusés par les tribunaux, afin de proposer une vision plus globale, si possible. L’ensemble des données disponible sera représenté sous forme de cartes, permettant notamment l’identification de la géographie de la distribution en métropole – l’approche géographique étant peu mobilisée par les scientifiques sur les questions relatives au trafic de drogue (Chouvy, 2022).
La plus grande partie du projet reposera toutefois sur des données qualitatives, ce qui est la norme concernant des phénomènes clandestins qui échappent aux appareils statistiques officielles. Pour recueillir ces informations, la ou le doctorant ciblera différents acteurs en Guyane, et en métropole, en favorisant une approche sociologique et géographique et la réalisation d’entretiens ouverts ou semi-directifs (par le biais d’un questionnaire standardisé). L’observation avec prises de note sera également utilisée sur des lieux particuliers (prison, aéroport, tribunal, etc.). Dans la mesure du possible et si les conditions de sécurité sont réunies, le projet essayera de produire aussi des observations sur les lieux du trafic : quartiers sensibles, lieu des « obias », aéroports, postes de contrôle en Guyane, gares et autoroutes en métropole où transitent des passeurs. Cet aspect sera traité en coordination avec les forces de sécurité ou avec des contacts bien connus afin de garantir les conditions nécessaires à sa réalisation.
L’ensemble des données recueillies sera évidemment anonymisée et stockée sur des supports de sécurité pour la durée du projet. Les données issues de ces approches feront aussi l’objet de traitements SIG afin de les spatialiser.
La première sphère d’acteurs qui sera approchée est celle des passeurs de cocaïne – la figure du passeur de drogue étant peu explorée par la littérature scientifique (Bourgeteau, 2005 ; OEDT, 2012 ; Robinson, 2014 ; Bonnefoy-Cudraz, 2016). Elle sera abordée dans des associations (comme l’association Kairos, dirigée par la sociologue G. Gadio, l’association Akati’j, Ti’kaz ou Apameg) et les prisons de Fresnes, de Fleury-Mérogis et dans le centre pénitentiaire de Remire-Montjoly (Guyane). Des contacts ont déjà été noués avec la Direction interrégionale des services pénitentiaires de Paris dans le cadre d’une recherche antérieure.
La deuxième sphère est celle des forces de sécurité intérieure – douane, police et gendarmerie, abordées via des temps d’observations et d’entretiens en collaboration ponctuelle (journée, demi-journée). On entrera en contact avec l’OFAST, la PAF et les services de douane notamment. Le programme PIRALAD sera un atout considérable pour avoir les autorisations nécessaires.

La troisième sphère est celle des acteurs de justice (avocat, greffier, juge, etc.) qui ont une connaissance particulièrement précise et actualisée de ce phénomène. Il s’agira de s’entretenir avec ces personnes, à partir de questions préparées en amont – mais aussi d’assister à des procès ou à des comparutions immédiates (jugements accélérés), notamment dans les tribunaux de Guyane et de Créteil (où sont jugés les passeurs arrêtés à l’aéroport d’Orly). Une présence régulière à ces jugements permettra d’obtenir une quantité importante de données précises et rares ; ces procès sont autant ceux des passeurs arrêtés que ceux des trafiquants (organisateurs) pouvant avoir une autre fonction dans le réseau. Dans une moindre mesure, on se rendra dans quelques tribunaux situés dans les villes secondaires, où des filières guyanaises de la cocaïne sont régulièrement démantelées et jugées.
L’ensemble des données qui seront recueillies sur les passeurs permettra d’établir des statistiques concernant le profil sociologique et les parcours géographiques des passeurs, et sur les modalités opératoires des différentes filières (quantité et format de la cocaïne transportée, organisation logistique du voyage, ampleur du réseau concerné, etc.). Il s’agira également de comparer ces données (qui seront recueillies sur les trois années de recherche) avec les statistiques actuelles et passées provenant d’autres sources.
Les données feront aussi l’objet de traitements cartographiques (SIG) visant à établir une cartographie des itinéraires des passeurs, en localisant et hiérarchisant les villes concernées par ces nouveaux foyers de revente de cocaïne en métropole. En plus des données de l’enquête proprement dite, la base de données géographie à constituer inclura les sources presse qui relatent les différents démantèlements en métropole des réseaux guyanais. Par ce biais et en utilisant une analyse multiscalaire, le projet mettra en valeur autant des points stratégiques locaux que la place de la Guyane dans le trafic à l’échelle régionale, nationale et européenne. Les bases de données en résultant seront communiquées en fin de projet à différents services de l’État, autant au ministère de l’Intérieur, de la Justice et des Finances (pour les douanes notamment).

Contexte de travail

Contrat offert dans le cadre du projet GUYACOKE, financé par le programme PIRALAD de la Mission Interministérielle de Lutte contre les Drogues et les Conduites Addictives – MILDECA, sise 69 rue de Varenne 75007 Paris, organisme français placé sous l'autorité du Premier ministre

Contraintes et risques

Voyages de terrain fréquents en Guyane et en France métropolitaine
Travail en partenariat avec les Forces de sécurité intérieure (police, douanes, administration pénitentiaire)
Contact avec des personnes condamnées ou emprisonnées