Description du sujet de thèse

WomatWork représente la première enquête comparative sur l'histoire des professions populaires urbaines féminines (par exemple accoucheuses, esthéticiennes, chanteuses de mariage, vendeuses sur les marchés, artisanes, couturières, etc…) dans quatre pays africains - le Ghana/Côte d'Or, l’Éthiopie, le Soudan et le Tanganyika/Tanzanie - sur une période de cinquante ans (1919-1970). Cette thématique est peu représentée dans les études sur l’histoire du travail en Afrique, qui se concentrent pour la plupart sur le salariat masculin. Or, ces professions se caractérisent par des aspects fascinants et singuliers, comme par exemple l’absence d’une notion de prix fixe pour un certain service et des horaires ou des lieux de travail fixes.
WomatWork vise tout d'abord à comprendre les particularités de ces modalités de travail et à observer leurs transformations historiques qui ont découlé des changements politiques et de l'introduction de nouvelles technologies et de nouveaux produits. Ensuite, il vise à examiner les subjectivités professionnelles, l'éthique du travail, les normes et les valeurs des femmes au travail. Enfin, il interroge les relations entre ces professionnelles et leurs communautés - y compris à la lumière de la stigmatisation sociale qui est parfois attachée à certaines professions - ainsi que le lien entre ces travailleures et les mouvements politiques, par exemple leur participation aux nombreuses grèves de l’époque.
Ce projet cherche à surmonter l'invisibilité des femmes dans les archives officielles en tissant ensemble différents types de sources. Le point de départ est représenté par les archives photographiques, notamment celles d’institutions qui adoptaient la politique de multiplier les représentations et qui avaient des routines de production textuelle intense (par exemple les stations missionnaires). Dans certains cas, ces sources visuelles et textuelles mènent à des réseaux ou à des familles de femmes professionnelles, dont l'histoire orale sera sollicitée. Troisièmement, le projet vise à analyser la presse vernaculaire combinée à des récits oraux. Grâce à ces objectifs et à ces méthodologies, WomatWork veut participer à l'écriture d'une histoire plus démocratique et plus inclusive, qui établira fermement la centralité du travail des femmes dans l'histoire de l'Afrique.
La recherche portera sur l'histoire des femmes au travail en Tanzanie/Tanganiyka.

Contexte de travail

L’Institut des Mondes Africains (https://imaf.cnrs.fr/) est une unité mixte de recherche interdisciplinaire (histoire contemporaine, anthropologie, science politique, arts, géographie, sociologie, sciences du droit) dont les travaux portent sur l’ensemble du continent africain. Il est organisé en deux sites : Campus Condorcet (Aubervilliers, Île-de-France) et MMSH d’Aix-en-Provence, et inclut environ 200 membres, dont 63 statutaires (Enseignants-chercheurs et chercheurs) et environ 80 doctorant/es. Six tutelles participent à l’IMAF : l’EHESS, le Centre National de la Recherche Scientifique, l’Institut de Recherche et Développement, l’Université de Paris 1-Panthéon Sorbonne, Aix-Marseille Université et l’École Pratique des Hautes Études
Le/la candidate sera rattaché/e au site de l’IMAF Aubervilliers.

Contraintes et risques

La/le doctorant/e devra travailler en équipe. Celle-ci sera composée par 3 autres PhD, un post-doc et les senior staff. Elle/il doit être prêt/e à s’adapter au planning du projet, qui est le suivant :
- Premiers 6 mois à Condorcet, Aubervilliers
- 3 mois de recherches d’archive dans plusieurs fonds d’archive au Royaume Uni
- 12 mois de terrain en Tanzanie
- 15 mois à Condorcet (rédaction de la thèse, missions courtes en archive, participation à des conférences internationales, etc.)