Description du sujet de thèse

Les tempêtes de poussières (dust storms), causées par la désertification du sol et le réchauffement climatique, sont devenues un problème de santé publique dans le Sud-Ouest des Etats-Unis. Les particules très fines arrachées du sol par le vent pénètrent l’atmosphère de façon invisible et causent des problèmes respiratoires chez les humains. En outre, des microbes pathogènes peuvent s’attacher à ces particules et causer de nouvelles maladies infectieuses, comme la fièvre de la vallée (Valley Fever). Des modélisations de ces tempêtes de sable ont été construites par les météorologistes et les géologues, qui ont permis d’anticiper leurs mouvements et de mettre au point des capteurs alertant la population sur les risques sanitaires de ces particules. Le but de cette recherche doctorale est d’étudier la perception sociale de ces particules invisibles à partir des usages de ces modèles et de ces capteurs par la population de Tucson (Arizona).

Contexte de travail

L’IRL iGlobes accueillera la doctorante pendant son séjour d’enquête à Tucson ainsi qu’un workshop sur les tempêtes de poussières à la fin de son terrain. Des chercheurs du Laboratoire d’anthropologie sociale et de l’Université de Sherbrooke seront invités à ce workshop, ainsi que des chercheurs de l’IRL « Environnements, santé, sociétés » de Dakar. Ce travail doctoral lancera la constitution d’un International Research Network sur les tempêtes de poussières avec des chercheurs basés à Tucson, Sherbrooke, Paris, Berlin, Dakar et Hong Kong. La co-direction de la thèse entre Frédéric Keck et Michael Canva mettra au centre de ce projet la collaboration entre physique des particules, sciences de l’environnement et sciences sociales.
Deux types de collectifs en sciences citoyennes seront étudiés.
D’une part, une vingtaine de citoyens seront choisis au terme d’un appel à participation et équipés de capteurs de particules de poussières dans leur habitation. Ils mesureront les quantités de poussière quotidiennement pendant un an et transmettront ces résultats à l’Université de Tucson. Une enquête qualitative sera menée auprès de ces personnes pour comprendre ce que cette démarche transforme dans leur perception de l’environnement. Ces citoyens seront contactés par un appel à participation dans les quartiers de Tucson et de ses environs les plus concernés par les tempêtes de poussières, c’est-à-dire les couloirs de vents le long desquels se forment ces tempêtes.
D’autre part, les groupes de patients de la fièvre de la vallée seront suivis dans leur mobilisation collective et dans leurs traitements médicaux. Un travail d’enquête sera effectué auprès des personnalités de la santé publique à Tucson pour comprendre comment ce collectif de patients s’est constitué et à quels obstacles il s’est heurté. L’enquête sera aussi menée auprès des patients eux-mêmes pour reconstituer leurs parcours de vie et leurs itinéraires thérapeutiques.
En suivant pendant un an ces deux collectifs de citoyens, on peut espérer observer comment ils réagissent à l’arrivée d’une tempête de sable (dont la fréquence est annuelle à Tucson), mais on décrira surtout comment ils perçoivent l’action des poussières de sable au quotidien sur leur organisme et leur environnement, en étant particulièrement attentif à leurs récits sur les tempêtes de poussières qu’ils ont expérimentées dans le passé.

Contraintes et risques

Un an de résidence à Tucson (Arizona) pour l'enquête participative

Informations complémentaires

Maîtrise de l'anglais nécessaire à l'oral et à l'écrit