Informations générales
Intitulé de l'offre : CDD Doctorant (H/F) sur le thème de la résilience du triptyque forêts-jardins-littoraux dans le contexte insulaire du Vanuatu
Référence : UMR6266-ARNBAN-001
Nombre de Postes : 1
Lieu de travail : LE HAVRE
Date de publication : vendredi 26 mai 2023
Type de contrat : CDD Doctorant/Contrat doctoral
Durée du contrat : 36 mois
Date de début de la thèse : 2 octobre 2023
Quotité de travail : Temps complet
Rémunération : 2 135,00 € brut mensuel
Section(s) CN : Espaces, territoires, sociétés
Description du sujet de thèse
En écologie, il a été montré qu'une forêt (Oliver et al. 2015), une agriculture (Renard & Tilman 2019) et un littoral plus diversifiés (Bernhardt & Leslie 2013) en termes d'espèces étaient plus résilients ou plus stables au cours du temps. Dans ce projet, nous voudrions compléter ces travaux en insistant sur les liens entre les différents compartiments. Ces liens peuvent être analysés en terme d'interactions écologiques (e.g., flux de pollen, colonisation de milieux…), mais aussi en explorant la diversité des relations socioculturelles (e.g. valeurs relationnelles, savoirs locaux, usages, pratiques, nomenclature et classification du vivant…). Le concept fédérateur de Nature Contributions to People (IPBES) souligne la manière dont la « nature » est indispensable au bien-être humain (Pascual et al. 2017). Dans ce projet, nous voulons montrer que cette relation ou contribution réciproque (Ojeda et al. 2022) entre humains et non-humains est nécessaire au bien-être bioculturel des humains et des écosystèmes (Caillon et al. 2017).
Nous cherchons plus particulièrement à mettre en lumière la manière dont les femmes, les hommes et les enfants du Vanuatu ont tissé, depuis des générations, des fils entre plusieurs écosystèmes : les forêts, les jardins cultivés et les littoraux. Cette complémentarité est particulièrement importante pour nombre de systèmes insulaires océaniens qui, face à des changements climatiques imposant des évènements de plus en plus extrêmes et imprévisibles, doivent redoubler de créativité pour s'adapter. Les processus d'adaptation mise en œuvre demandent des interdépendances intra- et inter-systèmes entre les produits de cueillette, les récoltes agricoles et les ressources marines.
Concrètement, la doctorante / le doctorant mènera des enquêtes approfondies grâce à une immersion longue dans un village au Vanuatu. Nous prônons une approche bioculturelle qui, en s'intéressant à la multiplicité des valeurs, des connaissances, des pratiques et des ontologies, reconnaît les rétroactions entre la nature et la culture, et renforce ainsi la perspective de « l'humain en tant que partie intégrante de la nature ». Cette approche demande de mobiliser des méthodes immersives fondées sur des discussions informelles, des enquêtes et questionnaires, mais surtout sur des observations et pratiques (i.e. observation participante). Ce faisceau de méthodes constituera le socle des informations récoltées sur les plantes et les animaux utiles, leurs espaces de vie, les outils et méthodes pour les cueillir, récolter, pêcher et chasser.
La doctorante / le doctorant complètera cette approche bioculturelle en combinant, de manière originale, ces résultats avec ceux issus de l'inventaire naturaliste et linguistique des espèces végétales et animales consommées. Avec S. Caillon, J. Munzinger et J. Claudet, elle ou il mettra au point les protocoles de collecte de données sociales et écologiques sur les deux îles choisies, pour identifier les plantes cueillies, plantes cultivées et animaux récoltés ou pêchés. Le travail de collecte de données sur le terrain sera réalisé que sur une seule île par la ou le doctorant ; les encadrantes et encadrants le feront sur l'île de Vanua Lava.
Elle ou il devra également, en collaboration avec A. Banos, construire les modèles informatiques et statistiques permettant de caractériser la complémentarité entre ces systèmes sous contrainte, ainsi que leurs domaines de résilience. Une approche mixte qualitative et quantitative mobilisant notamment des analyses statistiques de réseaux sera favorisée ; la ou le doctorant pourra s'appuyer sur des savoir-faire en mathématiques au sein du GDR ReSoDiv.
Bibliographie
Bernhardt, J.R. & Leslie, H.M. (2013). Resilience to Climate Change in Coastal Marine Ecosystems. Annu. Rev. Mar. Sci., 5, 371–392.
Caillon, S., Cullman, G., Verschuuren, B. & Sterling, E.J. (2017). Moving beyond the human/nature dichotomy through biocultural approaches: including ecological well-being in resilience indicators. E&S, 22, art27.
Ojeda, J., Salomon, A.K., Rowe, J.K. & Ban, N.C. (2022). Reciprocal Contributions between People and Nature: A Conceptual Intervention. BioScience, 72, 952–962.
Oliver, T.H., Heard, M.S., Isaac, N.J.B., Roy, D.B., Procter, D., Eigenbrod, F., et al. (2015). Biodiversity and Resilience of Ecosystem Functions. Trends Ecol Evol, 30, 673–684.
Pascual, U., Balvanera, P., Díaz, S., Pataki, G., Roth, E., Stenseke, M., et al. (2017). Valuing nature's contributions to people: the IPBES approach. Current Opinion in Environmental Sustainability, 26–27, 7–16.
Renard, D. & Tilman, D. (2019). National food production stabilized by crop diversity. Nature, 571, 257–260.
Contexte de travail
Nous recherchons une personne (H/F) enthousiaste et talentueuse, pour un poste de doctorant entièrement financé (salaire et frais annexes) dans le cadre de deux projets de recherche interdisciplinaires (projet européen FALAH -https://unc.nc/lunc-decroche-un-financement-europeen-horizon-2020-de-plus-de-150-millions-cfp-sur-4-ans/- et projet CNRS Prime80 WEAVE). Grâce à son contrat CNRS, la doctorante / le doctorant sera intégré officiellement aux projets FALAH et WEAVE. Ces projets s'intéressent aux interactions écologiques et socioculturelles entre forêts, jardins et zones littorales dans l'objectif de comprendre la résilience des systèmes alimentaires face aux changements climatiques dans un contexte d'insularité (Vanuatu). La candidate retenue / le candidat retenu travaillera avec Sophie Caillon (CNRS, ethnoécologue), Arnaud Banos (CNRS, géographe), Jérôme Munzinger (IRD, botaniste) et Joachim Claudet (CNRS, écologue marin). Elle / il passera un an au Vanuatu (sous forme de plusieurs missions réparties au cours des trois années de thèse) et sera principalement basé au Centre d'Ecologie Fonctionnelle et Evolutive (CEFE) de Montpellier en France, au sein de l'équipe Interactions bioculturelles (IAB). Le CEFE est actuellement le plus grand centre de recherche français en écologie. La doctorante / le doctorant fera partie de l'école doctorale GAIA pour les sciences de la vie et de l'environnement et les sciences technologiques à l'Université de Montpellier, qui est la première au monde en écologie d'après le classement des universités de Shanghai. Elle ou il devra également se déplacer au Havre, au sein de l'UMR Identité et Différenciation de l'Espace, de l'Environnement et des Sociétés (IDEES), pour travailler avec Arnaud Banos.
La doctorante / le doctorant recevra une formation de pointe en recherche interdisciplinaire à l'interface entre l'anthropologie, la géographie et l'écologie. Il ou elle fera l'acquisition de compétences dans l'étude des savoirs locaux et des liens entre la biodiversité et le fonctionnement des écosystèmes en contexte insulaire. Il y aura de nombreuses possibilités pour suivre des cours avancés, des ateliers et des conférences. La personne retenue s'engagera à mener des recherches scientifiques originales en étroite collaboration avec les autres chercheurs impliqués dans le projet ainsi que de manière autonome, à rendre compte de ses recherches dans des publications et présentations internationales, et à en présenter les résultats dans une thèse de doctorat, qui doit être terminée en trois ans.
Pour compléter sa formation initiale, elle / il pourra bénéficier de plusieurs formations universitaires dont sont responsables les chercheurs de ce projet :
• Formation en Master1 par S. Caillon à l'Université de Montpellier (30h) et l'Université Paul Valery (50h) à des étudiants en écologie (BIOGET) et en anthropologie (HE) sur les fondements et les méthodologies mobilisées en ethnoécologie.
• Ecole thématique « ethnoécologie et interactions bioculturelles » co-organisée par des chercheurs du CEFE a eu lieu en octobre 2022 et sera probablement reconduite ces prochaines années. La ou le doctorant pourra ainsi participer aux débats conceptuels et tisser son réseau de relation avec des collègues en ethnoécologie.
• Formation en modélisation spatialisée à base d'agents par A. Banos, doublée d'une école thématique sur le sujet organisée par le réseau MAPS (https://maps.hypotheses.org/accueil-2)
• Formation en botanique tropicale par J. Munzinger à l'Université de Montpellier (30h) à des étudiants du mastère BIOGET et à des élèves ingénieurs du mastère GEEFT d'AgroParisTech. Initiation à la flore du Vanuatu, via un important matériel de l'archipel, actuellement en dépôt à l'herbier de Montpellier (MPU).
• GDR Approches méthodologiques des dynamiques de l'agrobiodiversité : terrain, réseaux, modèles (GDR ReSoDiv) co-dirigé par S. Caillon apportera un appui méthodologique sur l'analyse des réseaux sociaux.
Contraintes et risques
Les candidats et candidates idéaux doivent être très motivés, travailleurs et créatifs, et avoir de fortes affinités pour des approches interdisciplinaires, bioculturelles et co-construites, participatives et collaboratives. L'immersion sur le terrain dans un contexte insulaire isolé soumis à un climat tropical humide doit être abordée comme un plaisir et non un défi. Elles et ils doivent avoir les qualifications générales requises suivantes :
• Un Master en géographie, ethnoécologie, anthropologie, écologie, agronomie ou dans des disciplines connexes. La ou le candidat devra avoir une formation en sciences humaines et sociales (géographie, anthropologie, ethnoécologie) doublée d'une forte curiosité pour le milieu naturaliste, ou l'inverse (écologie, biologie, agronomie).
• Une grande rigueur quant à la saisie de données sur le terrain, réalisation d'herbier, photographies ;
• L'envie de travailler de façon autonome et en équipe ;
• La capacité de travailler sur le terrain pendant de longues périodes et la capacité d'adaptation à des contextes sociaux divers, notamment isolés et tropicaux;
• De l'expérience en matière d'enquêtes de terrain.
• Une bonne maitrise de la gestion de données, et si possible des méthodes d'analyse statistique de données hétérogènes.
• D'excellentes aptitudes à communiquer, tant à l'oral qu'à l'écrit, en français et en anglais.