Informations générales
Intitulé de l'offre : Doctorant en sciences humaines et sociales (H/F)
Référence : UMR5206-GWELEN-002
Nombre de Postes : 1
Lieu de travail : LYON 07
Date de publication : mardi 8 juillet 2025
Type de contrat : CDD Doctorant
Durée du contrat : 36 mois
Date de début de la thèse : 1 novembre 2025
Quotité de travail : Complet
Rémunération : La rémunération est d'un minimum de 2200,00 € mensuel
Section(s) CN : 40 - Politique, pouvoir, organisation
Description du sujet de thèse
Expériences habitantes et ouvrières de la pollution dans les nouveaux fronts industriels de l’Afrique de l’Ouest.
Les habitants les plus défavorisés cumulent les facteurs de risques, notamment dans les situations d’exposition urbaines alliant pollutions, bruit, chaleur et pauvreté. Au Nord comme au Sud, la question de la justice environnementale est aussi une question de justice sociale : elles sont inséparables et soulèvent ensemble des enjeux vitaux, notamment dans les villes africaines affectées par un développement particulièrement inégalitaire.
Malgré des phénomènes directement perceptibles tant ils sont concentrés dans le temps et l’espace, les émanations des industries, des véhicules et des produits chimiques en Afrique sont peu considérées. Au Sénégal, les chercheurs et chercheuses du Laboratoire International de recherche Environnement, Santé, Sociétés (ESS, IRL3189), viennent toutefois d’amorcer une recherche sur les questions de santé environnementale. En analysant de manière systématique et coordonnée les relations complexes entre des milieux spécifiques, des états de santé et des dynamiques sociales, des médecins, toxicologues, écologues, des sociologues, des géographes, des anthropologues participent aujourd’hui de la construction interdisciplinaire d’un objet d’étude sur les pollutions industrielles en Afrique de l’Ouest.
Sébikotane, ville récente située à 45 km de Dakar, constitue ce que l’on pourrait appeler un « front industriel ». De petite commune rurale, Sébikotane est devenue en quelques années un centre urbain important dans lequel se sont installées de nombreuses usines notamment métallurgiques, émettrices de fumées de fonderies. C’est précisément l’essor industriel de la métallurgie qui attiré l’attention des chercheurs de l’IRL ESS, qui y ont développé dans ce territoire péri-urbain en pleine mutation, un nouveau terrain d’enquêtes interdisciplinaires. L’objectif est ici de relier différents pans du savoir en mesurant les niveaux de pollution de l’air, de l’eau et du sol; en documentant les expériences, perceptions et savoirs des habitants en matière de pollution industrielle pour mieux comprendre ses conséquences sur la santé, les milieux, et la vie et les pratiques sociales.
Au Sénégal, la recherche doctorale ici demandée s’inscrit dans ce nouveau programme de recherche sur la pollution à Sébikotane au sein de l’équipe « POLlution de l’AiR et de l’eau en zone soudano-sahélienne, et Impacts sur la Santé » (POLARIS).
Il s’agira d’une étude qui portera spécifiquement sur les expositions et rapport au risque chez des habitants ou des personnes dont le métier ou l’activité économique les exposent à la pollution des usines. La manière dont le risque est vécu et hiérarchisé par les travailleurs des fonderies et les riverains, mais aussi les commerçants des bords des routes sera documentée à partir d’entretiens semi structurés. Cette recherche qualitative visera à analyser la manière dont le risque sur la santé est perçu, comment les effets tangibles de la pollution structure le rapport au travail, à l’espace habité, au territoire vécu et agit ou non sur les activités du quotidien. Il permettra de décrire finalement le socio-exposome de populations qui cumulent des expositions résidentielles et professionnelles, mais aussi d’élaborer des savoirs sur les situations d’exposition propres à nourrir la réflexion collective sur la précaution. Comment limiter les situations à risques – à la fois en ciblant les efforts pour les réduire quand c’est possible ou bien pour s’en prémunir individuellement et collectivement quand cela l’est moins ? Il s’agira de favoriser l’hybridation des savoirs scientifiques et habitants pour une redistribution de l’expertise qui soit encapacitante pour les sociétés locales.
La thèse s’inscrit aussi dans le développement au Sénégal par le CNRS SHS d’un dispositif de Suivi Ouvert des Sociétés et de leurs Interactions - santé environnementale et santé au travail, pensées dans leurs continuités. Eco-citoyen et dédié à la connaissance des pollutions de la zone Sebikotane – Diamniadio – Bargny, cet Observatoire a été initié par une alliance entre des chercheurs, des artistes, des activistes, des élus et des citoyens. C’est un projet art-sciences-société, interdisciplinaire et participatif soutenu par le CNRS et l’UCAD et porté par l’IRL ESS. Il répond à deux objectifs : enregistrer et analyser les transformations en train de se faire, mais également contribuer au débat public sur un territoire où des habitants portent des préoccupations en matière de santé environnementale. Cette recherche donnera d’ailleurs lieu à l’organisation de groupes de travail réflexif auxquels seront conviés les personnes interrogées comme les membres de l’Observatoire (focus-group) pensés sur le modèle de l’épidémiologie populaire développée par Phil Brown. En France métropolitaine, plusieurs territoires ont fait l’objet d’enquêtes longues comme la zone de Fos-Etang de Berre (Gramaglia, 2023) ou celle de Dunkerque (Flanquart, 2016), mais peu de recherches se sont attachées à documenter à la fois les expositions professionnelles et résidentielles ainsi que la façon dont les populations qui travaillent et résident dans des zones contaminées y font face. Le groupe sud-lyonnais qui compose le SOSI – Observatoire des maladies professionnelles et environnementales dans la vallée de la chimie lyonnaise a entrepris depuis quelques années de croiser l’analyse des mobilisations professionnelles et syndicales avec les mobilisations environnementales autour des cas des PFAS et plus généralement des pollutions chroniques. La thèse viendra également se nourrir de ces expériences de recherche en cours au sein du SOSI lyonnais et du laboratoire Triangle.
Contexte de travail
La personne recrutée sera intégrée aux équipes suivantes.
1. SOSI - UMR Triangle 5206 et 2. missions au sein de l’IRL 3189 Environnement, Santé, Sociétés (ESS) ) Dakar au Sénégal
1. SOSI - UMR Triangle 5206
Ce projet s’inscrit dans le sillage des enquêtes de santé environnement-travail participatives. Il vise la création d’un observatoire des maladies environnementales et professionnelles dans la région Rhône-Alpes et plus précisément dans le bassin industriel lyonnais, surnommé la Vallée de la chimie lyonnaise. Cette dernière s’étend le long du Rhône sur une quinzaine de communes depuis Lyon jusqu’à la frontière de l’Isère.
Alors qu’il s’agit d’un des territoires industriels les plus importants de France, l’effet de cette activité industrielle sur la santé des riveraines et des salariées des sites de production demeure largement sous-étudié. En effet, il n’existe qu’un seul registre départemental de cancer (pour l’Isère) pour toute la région Rhône-Alpes, et les études répertoriées par Santé Publique France sur les risques sanitaires dans les bassins industriels français n’identifient pour le Sud lyonnais que de rares données sur les niveaux de pollutions atmosphériques. La « vallée de la chimie » cumule pourtant des centaines d’anciens sites pollués et des installations dangereuses et polluantes toujours en activité, dont plusieurs sont classées Seveso. Elle est marquée par plusieurs catastrophes et pollutions industrielles dont la catastrophe de Feyzin en janvier 1966 (explosion de la raffinerie qui fait 18 morts), les pollutions du Rhône (à l’acroléine en 1976, à l’hydroquinone au début des années 1980 et au PCB de manière récurrente des années 1970 aux années 2010) ou encore l’incendie du port Édouard Herriot en 1987.
L’Observatoire a 3 fonctions :
Faire un état des lieux des savoirs scientifiques existants ainsi que des normes sanitaires et des mobilisations collectives relatives à ces savoirs. Bien que ce territoire ait été le théâtre de plusieurs mobilisations relatives à la santé et l’environnement au cours des années 1970, celles-ci se sont faites nettement plus rares à partir des années 1980.
Analyser les raisons de la relative non-production de savoirs, de la non-publicisation et de l’absence de prise en charge publique de nombreux problèmes de santé en lien avec les pollutions industrielles.
Co-produire des données de santé participative en construisant une équipe de recherche pluridisciplinaire (sociologie, science politique, toxicologie, épidémiologie, géographie, histoire).
2. IRL 3189 Environnement, Santé, Sociétés (ESS) ) Dakar au Sénégal
L’IRL3189 ESS, situé à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar est lepremier laboratoire international créé à l’initiative du CNRS en Afrique sub-saharienne (depuis le 1er mars 2009). Cette unité de recherche multi-tutelles destinée à promouvoir des relations scientifiques entre pays du Nord et du Sud (CNRS / UCAD e UGB au Sénégal). Les recherches sont interdisciplinaires, centrées sur le triptyque environnement-santé-sociétés, et associent donc des chercheurs issus des sciences de la Santé (médecine, pharmacie, anthropobiologie), de l’Environnement (biologie et écologie végétale, ethnobotanique, hydrologie, géomorphologie), des Sciences Humaines et Sociales (sociologie, anthropologie, géographie, économie) et des Sciences Fondamentales (biochimie, mathématiques appliquées). L’interdisciplinarité est mise en œuvre par les interactions permanentes entre chercheurs. L’IRL ESS porte l’Observatoire écocitoyen des pollutions et de l’urbanisation (SOSI CNRS SHS).
Contraintes et risques
Missions à prévoir et organiser au Sénégal avec l'équipe d'accueil
Insertion dans une équipe et des enjeux interdisciplinaires