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Contrat doctoral H/F pour une thèse de sociologie sur les trajectoires résidentielles et les relations sociales en contexte de crise.

Cette offre est disponible dans les langues suivantes :
- Français-- Anglais

Date Limite Candidature : lundi 9 octobre 2023

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Informations générales

Intitulé de l'offre : Contrat doctoral H/F pour une thèse de sociologie sur les trajectoires résidentielles et les relations sociales en contexte de crise.
Référence : UMR5193-BEAMIL-001
Nombre de Postes : 1
Lieu de travail : TOULOUSE
Date de publication : lundi 18 septembre 2023
Type de contrat : CDD Doctorant/Contrat doctoral
Durée du contrat : 36 mois
Date de début de la thèse : 12 octobre 2023
Quotité de travail : Temps complet
Rémunération : 2 135,00 € brut mensuel
Section(s) CN : Sociologie et sciences du droit

Description du sujet de thèse

Dans le cadre du programme « PANELVICO : observer les conséquences sociales de la crise sanitaire sur
le long terme », coordonné par Pierre Mercklé, un contrat doctoral d'une durée de 3
ans est ouvert à la candidature. Il est attendu des candidat·es qu'ils ou elles réalisent une thèse autour de la thématique
« Quitter la métropole ? Trajectoires résidentielles et relations sociales en contexte de crise ». Le ou la
bénéficiaire du contrat doctoral réalisera sa thèse à Toulouse, au sein du LISST, sous l'encadrement de
Béatrice Milard et Lydie Launay.
Le projet de thèse prendra place au sein du WP3 « Bouleversements des parcours de vie, vulnérabilités,
rapports à l'incertitude, à l'avenir, à l'autorité et à l'État » du programme PANELVICO. Cet axe se déploie
autour d'une hypothèse centrale : les situations d'incertitudes à des niveaux massifs, comme celle que
la crise sanitaire a pu constituer, redéfinissent les liens entre les parcours des personnes, qui se
traduisent par des évolutions dans les relations personnelles et les réseaux qu'elles constituent, les
incertitudes que les personnes perçoivent, et leurs rapports aux diverses autorités qui sont censées
assurer la stabilité des contextes collectifs. Les crises se traduisent en effet par une mise en tension des
équilibres entre les sphères d'activité et des institutions qui les structurent (Grossetti, 2004). La posture
adoptée ici repose sur trois présupposés. Premièrement, les situations d'incertitudes ne touchent pas
l'ensemble des individus. Deuxièmement, elles ne sont pas perçues, vécues de manière identique par
les individus et, troisièmement, elles n'agissent pas sur les parcours de vie de la même façon selon
notamment les propriétés socio-économiques et démographiques, la position dans le cycle de vie ou
encore, les conditions de logement. La crise sanitaire est une situation de ce type, mais la problématique
développée à partir de ce cas peut s'élargir à d'autres sortes de crise, telles que la crise écologique -
dont on peut penser que les épisodes réguliers de canicule durant l'été 2022 ont pu déclencher voire
renforcer une prise de conscience de sa réalité et de son immédiateté -, ou encore la crise économique
- avec notamment l'augmentation de l'inflation et des prix des énergies fossiles.
Cette thèse permettra de contribuer à l'analyse des trajectoires résidentielles et des relations
sociales en temps de crise, à partir des mobilités résidentielles des grandes agglomérations vers des
villes petites et moyennes observées depuis l'émergence du Covid-19. A l'aune des premières enquêtes
réalisées (voir notamment les travaux engagés dans le programme PopSu Territoires « Exode urbain ?
Petits flux, grands effets », 2022), l'ampleur toute relative de ces mobilités ne vient pas bouleverser les
grandes tendances observées depuis plusieurs décennies (voir notamment Pistre, 2012, et le rapport
de l'Observatoire des territoires, 2018). Dès les années 1970, des travaux se sont penchés sur
l'installation de nouveaux habitants, souvent qualifiés de « néo-ruraux » qui, bien qu'ils constituent un
groupe hétérogène du point de vue des trajectoires sociales, ont en commun de partager des valeurs
et des convictions politiques constitutives d'un modèle culturel alternatif et qui trouvent dans ces lieux
un espace d'expérimentation à échelle humaine (Leger, 1979). D'autres enquêtes attestent des
mouvements de départ des centres des métropoles, à commencer par ceux observés depuis Paris intramuros
vers des espaces périurbains (Bonvalet et Bringé, 2010), ainsi que vers certaines villes (Alexandre,
Cusin, Juillard, 2010). Appréhender ces mobilités permet de croiser des questionnements autour
d'objets aussi divers que les recompositions socio-spatiales et démographiques que ces mobilités
peuvent nourrir dans les villes petites et moyennes (périurbanisation, paupérisation, déclin,
vieillissement, embourgeoisement, voire gentrification, « renaissance rurale », etc.) ; les modes
d'habiter des individus et groupes sociaux nouvellement installés qui, dans certains cas, contrastent
avec ceux dominant dans l'espace local (Bacqué et Vermeersch, 2007) ; les relations locales qui peuvent
aussi bien donner lieu à des formes de solidarité et de soutien qu'impliquer des rapports de force
(Cartier et al., 2008 ; Coquart, 2019) ; ou encore des rapports « ordinaires » au politique (Guéraut, 2017)
et aux institutions (Courcelle et al., 2017). L'étude de ces mobilités en période de fortes incertitudes
ouvre plusieurs pistes, qui pourraient être travaillées dans le cadre de cette thèse.
Un premier axe d'analyse explorera les projets et choix résidentiels (Authier, Bonvalet et Lévy, 2010 ;
Girard, 2020) des individus pour voir si et comment ils peuvent être redéfinis selon les représentations
qu'ils se font de ce contexte meso et macro et des manières dont ce contexte peut perturber leur
situation actuelle et celle à venir. S'intéresser à cette nouvelle étape dans la trajectoire résidentielle que
constitue le départ des métropoles vers les villes petites et moyennes impliquerait également de porter
une attention particulière aux conditions (sociales, économiques, familiales, etc.) dans lesquelles ces
projets et choix prennent forme et évoluent pour comprendre comment quels paramètres relatifs à la
localisation du logement, ses caractéristiques et le statut d'occupation (Grafmeyer, 2010) ont été
privilégiés selon les considérations et préférences individuelles, mais aussi les arbitrages, les
remaniements des possibilités et les réajustements temporels effectués pour s'adapter à de nouvelles
contraintes extérieures (comme celles relatives au marché local de l'immobilier, les conditions d'accès
au crédit, etc.). Une attention particulière sera portée également aux entourages relationnels qui
peuvent venir infléchir ces arbitrages, directement (conseil, soutien…) ou indirectement (influence,
exemple à suivre…). Une mise en perspective de ces projets avec ceux annulés ou reportés en raison du
contexte de crise pourra aussi être envisagée pour appréhender les immobilités en partie liées à ces
contraintes et les situations de captivité résidentielle qu'elles peuvent générer. In fine, il s'agira de
s'interroger sur le caractère irréversible des choix résidentiels, lesquels ne peuvent être détachés « de
ce qui se joue dans les autres sphères de la vie sociale en particulier celles du travail et des liens familiaux
» (Grafmeyer, 2010).
Un autre axe d'analyse portera sur les modalités d'appropriation du nouveau lieu de résidence, des
pratiques ordinaires par lesquelles s'opèrent les appropriations socio-spatiales et les manières dont
elles peuvent participer à inscrire les nouveaux habitants dans l'espace local (Pinçon, 1981 ; Grafmeyer
et Authier, 2019). Ces modalités d'appropriation peuvent prendre la forme d'un travail individuel mais
aussi d'un travail collectif, par des engagements associatifs, militants ou politiques, par exemple. La
présence et les pratiques de ces nouveaux habitants amènent à interroger l'existence d'effets
socialisateurs susceptibles de bousculer les représentations sociales des groupes sociaux en présence,
et ouvre la voie à une possible transformation des rapports sociaux tels qu'ils se posent selon les
configurations locales (Laferté, 2014). Au-delà des pratiques inscrites localement, une telle mobilité
résidentielle induit une réorganisation des mobilités quotidiennes (Bonnin-Oliveira et al., 2014), dont
les coûts financiers, temporels, organisationnels (qui pèsent de façon inégale sur le budget des
ménages) pourraient s'alourdir, ou en tous cas, évoluer en période de crise (augmentation du prix de
l'énergie, développement du télétravail…).
Un dernier axe se centrera sur les changements intervenant dans les relations personnelles des
nouveaux habitants. Le déménagement, a fortiori quand il implique une distance géographique
importante, constitue un évènement de vie qui a des effets sur la taille et la composition des réseaux
sociaux (Bidart, Degenne et Grossetti, 2011). L'analyse des relations personnelles permet de capter les
perturbations subies dans d'autres sphères d'activité (vie conjugale, familiale, professionnelle, etc.) qui
peuvent être liées au contexte de crise (le développement du télétravail en est un bon exemple) ou à
d'autres éléments structurels. La mobilité résidentielle a aussi un coût social avec une perte de relations,
notamment parmi les anciennes relations locales, qui laisse plus de place au jeu des affinités. Il s'agirait
dès lors de voir quels sont les effets de la mobilité sur les réseaux personnels, de voir quels liens sont
maintenus et dans quels cadres, de comprendre également comment se créent de nouvelles relations,
dans quels contextes d'activité, selon quelles logiques sociales. Les relations personnelles offrent aussi
des conditions de possibilités d'accéder à des ressources diverses (Lin, 2001) qu'il conviendrait d'étudier
en considérant la place que les relations locales prennent dans la vie sociale des individus. Enfin,
l'installation dans un nouvel espace résidentiel plus ou moins diversifié socialement interroge sur ce que
les changements intervenus dans les réseaux produisent en termes d'homogénéité sociale des réseaux,
la composition sociale des espaces constituant une structure d'opportunité (Blau, 1984) – plus un
espace est homogène socialement, plus les relations créées localement ont tendance à être similaires
(Tulin, Volker et Lancee, 2019 ; Favre et Grossetti, 2021)

Contexte de travail

Le programme de recherche PANELVICO bénéficie d'un financement par l'Agence nationale pour la
recherche (ANR) sur une période de 4 ans (2023-2027), et fait suite au programme VICO « La vie en
confinement », démarré au printemps 2020 (Cf. https://vico.hypotheses.org/). À partir d'un programme
d'enquêtes de grande ampleur appuyé sur un panel de plus de 16.000 Français recrutés au moment du
premier confinement du printemps 2020 et réinterrogés à deux reprises ensuite, ce programme vise à
rendre compte conjointement, et dans la durée, d'une part des effets de cette crise sur l'évolution des
formes de la sociabilité, des dynamiques des relations sociales et des manifestations du lien social, et
d'autre part des articulations entre ces évolutions et celles qui seront observables dans trois domaines
essentiels de la vie sociale : les conditions de travail, les collectifs et les relations professionnelles (WP1
– responsable scientifique Claire Bidart) ; la vie familiale, les pratiques culturelles et les usages
numériques des Français (WP2 – responsable scientifique Pierre Mercklé) ; et enfin les vulnérabilités,
les parcours de vie et les rapports à l'incertitude, à l'avenir, à l'autorité et à l'État (WP3 – responsable
scientifique Michel Grossetti).
Cette thèse visera à prolonger et nourrir les réflexions engagées dans VICO « La vie en confinement »,
programme qui précède PANELVICO, autour des (im)mobilités résidentielles intervenues depuis
l'émergence de la crise et qui peuvent être liées à des changements intervenant dans d'autres sphères
de l'activité sociale. La situation de crise liée au Covid-19 a pu bouleverser les parcours de vie en créant
des perturbations dans certaines sphères d'activité dans lesquelles les personnes sont engagées, et
perturber les projets d'individus en matière d'emploi, de logement (Grossetti et Launay, 2021) ou de
vie familiale et personnelle (Bozouls, Favre et Launay, 2022), ainsi que leurs temporalités (voir par
exemple, le dossier de la revue Temporalités n°34-35, 2021). Des perturbations des réseaux personnels
ont également été observées. Des liens se sont transformés, certains se sont perdus, d'autres se sont
renforcés ou au contraire affaiblis, d'autres encore se sont dégradés (Grossetti et al., à paraître). Or
absorber ces évènements imprévisibles et extérieurs aux individus nécessite de mobiliser des divers
types de ressources (relationnelles, institutionnelles), inégalement répartis ou accessibles au sein de la
société. Il apparaît à l'aune de ces résultats que les personnes confrontées à des situations de
vulnérabilités au moment où a éclaté la crise ont été particulièrement déstabilisées par cet évènement
et son installation dans le temps (Grossetti et Launay, 2021).
La thèse sera encadrée par Béatrice Milard (Professeure des universités en sociologie à l'Université
Toulouse Jean Jaurès) et Lydie Launay (Maîtresse de conférences à l'Institut national universitaire
Champollion). Le ou la doctorant·e sera accueilli·e dans le Laboratoire Interdisciplinaire Solidarités,
Sociétés, Territoires. Le LISST est une Unité́ Mixte de Recherche en Sciences Humaines et Sociales à
large couverture thématique qui relève des sections 36, 38 et 39 du CNRS. Il est situé́ à la Maison de la
Recherche sur le campus du Mirail de l'Université́ Toulouse Jean Jaurès. Il ou elle sera intégrée dans
l'équipe CERS (Collectif : Expériences Réseaux et Sociétés). Il ou elle sera impliquée dans le programme
ANR PANELVICO auquel participent plusieurs chercheurs et chercheuses du LISST, de PACTE (Grenoble)
et du LEST (Aix-Marseille).