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Chercheur contractuel en sociologie H/F

Cette offre est disponible dans les langues suivantes :
- Français-- Anglais

Date Limite Candidature : vendredi 18 avril 2025 23:59:00 heure de Paris

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Informations générales

Intitulé de l'offre : Chercheur contractuel en sociologie H/F
Référence : UMR8211-JEAGAY-018
Nombre de Postes : 1
Lieu de travail : VILLEJUIF
Date de publication : vendredi 28 mars 2025
Type de contrat : Chercheur en contrat CDD
Durée du contrat : 12 mois
Date d'embauche prévue : 1 mai 2025
Quotité de travail : Complet
Rémunération : 3081 €
Niveau d'études souhaité : Doctorat
Expérience souhaitée : Indifférent
Section(s) CN : 36 - Sociologie et sciences du droit

Missions

Le projet FACING SILICA (FAvoring systemiC prevention by revisitING environmental SILica hazards In the Current erA)
Contexte scientifique
La silice cristalline (ou dioxyde de silicium, SiO2) est le composant minéral le plus répandu de la croûte terrestre et à ce titre participe à de nombreuses expositions des travailleurs par voie aérienne dans des activités manufacturières utilisant à un titre ou un autre des matières minérales.
L’inhalation de silice est responsable de maladies respiratoires comme la silicose (débouchant sur une fibrose pulmonaire) et le cancer bronchopulmonaire. Une conférence internationale qui s’est tenue à Johannesburg en 1930 a défini la silicose comme une entité nosologique spécifique. Cette définition a constitué le cadre étroit dans lequel la médecine et l’épidémiologie ont continué au fil du 20e siècle à décrire et explorer les risques de la silice. La silicose a été définie comme une maladie respiratoire chronique grave, touchant les mineurs de fond à la suite d’expositions à la silice cristalline relativement modérées et durables au cours de la vie de travail, avec un temps de latence long supposé précéder l’apparition de la maladie à des âges avancés. Ce cadre définitionnel de la silicose ne recouvre pas seulement des savoirs médicaux : la silicose constitue une entité médicolégale, i.e. une maladie dont les formes médicalement admises correspondent à des prises en charge sociales, dans des régimes de protection sociale nationaux couvrant la santé des travailleurs. Ce caractère médicolégal a fait de la silicose un cas historique-modèle qui a aidé à mettre en lumière les mécanismes d’invisibilisation et de sous-reconnaissance de l’origine professionnelle des états de santé. Les connaissances sur la silicose et les risques de la silice sont toujours restées relativement fragmentaires au 20e siècle, empêchant le savoir médical de les fixer solidement, et rendant également impossible la prise en compte de ces risques et de ces affections dans les politiques de prévention de santé et sécurité au travail, ou dans l’indemnisation des travailleurs lésés.
Depuis plus de vingt ans, des études en sciences sociales (histoire, sociologie) et biomédicales (dont l'épidémiologie et la toxicologie) ont commencé à remettre en cause cet état des connaissances, en mettant en évidence que la seule silicose chronique des mineurs ne permet pas de prendre en compte des risques sanitaires très prévalents de la silice cristalline, qui provoquent des maladies incurables dans le monde entier. Dans des secteurs d’activité nouveaux ou en expansion notable (e.g. sablage des jeans, fabrication et transformation de pierre artificielle, manipulation de sable ultra-fin pour faciliter l’extraction de gaz de schiste, découpage de bordures minérales dans les activités de paysagisme ou les travaux publics), des silicoses très graves et d’évolution rapide surviennent chez de très jeunes travailleurs (surtout des hommes), provoquant leur insuffisance respiratoire et leur décès à court terme. Ces nouveaux faits confirment les pistes épidémiologiques anciennes sur les effets immunologiques possibles des expositions à des particules de silice cristalline.
Le projet FACING SILICA dans ce contexte, et la place du post-doctorant.e dans le projet
L’équipe franco-espagnole de FACING SILICA se compose de spécialistes de sciences sociales et sciences biomédicales qui travaillent ensemble au long cours sur la (re)découverte de ces risques, non seulement pour mieux comprendre l’étendue de la pathogenèse des maladies de la silice cristalline, mais aussi pour étudier le statut des patients qui souffrent de ces maladies, et plus globalement pour comprendre l’invisibilité paradoxale et structurelle du travail dans l’explication des inégalités sociales de santé.
Quand (rarement) des maladies (hors silicose des mineurs) sont reconnues comme pouvant être provoquées par la silice cristalline, elles ne donnent presque jamais lieu à prévention ou indemnisation, même quand la protection sociale le permettrait. Certaines autres maladies (et parfois les mêmes !) continuent d’être considérées par la médecine comme étant « de cause inconnue », ce qui rend encore plus difficile pour les patients de faire valoir la possible origine professionnelle de leurs affections. Ces maladies font la plupart du temps l’objet de traitements présentant des effets secondaires très lourds, sans espoir de guérison.
FACING SILICA s’attelle à promouvoir une lecture historique des risques de la silice cristalline en se fixant un objectif de traduction de ses résultats scientifiques en termes de santé publique : remédier aux lacunes de la protection sociale et de la prévention des risques au travail, mieux comprendre les mécanismes pathogéniques sous-tendant l’auto-immunité associée à la silice cristalline, améliorer les conditions de vie des personnes affectées et de leurs familles, identifier les voies pathogènes qui pourraient constituer des cibles thérapeutiques.
Le poste de post-doctorant proposé est défini autour des enjeux de la quantification des déterminants professionnels et environnementaux de la sclérodermie systémique. Il s’agira principalement de réunir des données quantitatives pour mesurer l’évolution de la reconnaissance de la sclérodermie systémique comme maladie professionnelle en France. Dans la mesure où l’élargissement du spectre des maladies étudiées sera possible dans le temps imparti, d’autres maladies systémiques auto-immunes pourront être couvertes par la même approche. Dans ce cas, l’étude de la polyarthrite rhumatoïde serait alors prioritaire.
Le ou la post-doctorante travaillera au Cermes3 (Villejuif, 94800) sous la supervision de Catherine Cavalin (sociologue, CNRS) et en collaboration avec l’équipe pluridisciplinaire franco-espagnole de FACING SILICA dont le co-porteur est Alain Lescoat, médecin interniste au CHU de Rennes et chercheur à l’IRSET (Rennes).

Activités

- Contribuer à la revue de littérature, en sciences sociales comme en sciences biomédicales, sur les sujets auxquels touche le projet : maladies professionnelles, protection sociale, expositions professionnelles et environnementales, mobilisations de victimes, maladies réputées de cause inconnue.
- Constituer une base de données sur l’évolution des cas de sclérodermie systémique reconnus comme étant d’origine professionnelle en France. La période à couvrir sera la plus longue possible, essentiellement à partir des fichiers de l’Assurance maladie (reconnaissance au Tableau 25 du régime général ; reconnaissance au Tableau 22 du régime agricole). Idem pour la polyarthrite rhumatoïde autant que possible, et éventuellement pour d’autres maladie systémiques auto-immunes.
- Proposer des analyses de ces données imparfaites qui requièrent d’interpréter des « petits nombres » en santé.
- Pour éclairer les analyses, interagir avec la post-doctorante engagée dans des entretiens auprès de patient.es atteint.es de sclérodermie systémique. Ces entretiens recueillent en effet beaucoup d’éléments d’information sur les obstacles à la reconnaissance de la sclérodermie systémique comme maladie professionnelle, y compris pour des patient.es disposant de preuves irréfutables de leur exposition professionnelle à la silice cristalline.
- Participer aux publications qui seront issues des tâches concernées dans le projet. Articles, chapitres et rapports en cosignature avec les équipes en sciences sociales et biomédicales de FACING SILICA. Publications prévues en français, espagnol et anglais.
- Présenter des résultats issus du projet à des colloques, journées d’études, séminaires…
- Participer à l’organisation de rencontres entre les membres de l’équipe.

Compétences

Profil général
La chercheuse ou le chercheur sera titulaire d’un doctorat en sciences sociales, de préférence en sociologie ou en histoire. La personne aura de solides compétences et un intérêt marqué pour les enjeux de l’interprétation qualitative de données quantitatives « imparfaites » dans le domaine de la santé, de la santé au travail ou de la santé environnementale.
Plusieurs compétences ou appétences ne sont pas des conditions préalables indispensables mais aideront à ce que la personne recrutée participe pleinement au contenu du projet et retire, pour elle-même aussi nous l’espérons, les meilleurs fruits de cette participation.
- Ainsi, si une connaissance des arcanes de la protection sociale, et particulièrement des assurances sociales liées au travail, n’est pas un préalable indispensable, la personne recrutée doit manifester de l’intérêt pour ce domaine.
- FACING SILICA va de la science biomédicale fondamentale (expérimentation animale sur les maladies et les expositions étudiées) à des questions de protection sociale ou d’injustice environnementale. Même si les tâches confiées à la personne recrutée concernent prioritairement le recueil et l’analyse de données administratives, lire des publications en sciences biomédicales et en saisir les enjeux pour les sciences sociales constitue un aspect très important du travail.
- De manière analogue, manifester de l’intérêt pour la diversité des méthodes mobilisées dans le projet (méthodes quantitatives et qualitatives, en sciences sociales et biomédicales) et raisonner à l’articulation de ce mix est une des caractéristiques fortes de la recherche.
Liste des compétences attendues
- Doctorat dans une discipline des sciences sociales, de préférence en sociologie ou en histoire.
- Maîtrise d’outils quantitatifs simples mais à visée exploratoire : comment accumuler des données portant généralement sur de petits effectifs, les mettre en série, les rendre lisibles, etc.
- Expérience de l’écriture d’articles scientifiques et autres contenus académiques (chapitres, ouvrages, etc.) en français. L’expérience d’écriture d’articles en anglais (et éventuellement en espagnol) serait appréciée mais ne constitue pas un prérequis.
- Capacités rédactionnelles : supports académiques mais aussi à destination d’un public plus large (rapports et notes à destination des décideurs, du public ; formats divers)
- Maîtrise du français et de l’anglais (et éventuellement de l’espagnol). De fortes capacités de compréhension de l’anglais (parlé et surtout écrit) sont indispensables. Une compréhension au moins écrite de l’espagnol serait un atout formidable, sans être du tout obligatoire. La capacité à écrire l’anglais (et/ou l’espagnol) à un niveau académique serait un plus mais ne constitue pas un prérequis.
- Capacité à travailler en équipe et avec des personnes issues d’autres disciplines académiques.
- Autonomie et capacité à construire un projet scientifique personnel au sein des thématiques couvertes par le projet.

Contexte de travail

Le laboratoire d’accueil de la personne sera le Cermes3 (site de Villejuif, 94800) (https://www.cermes3.cnrs.fr/fr/). Le Cermes3, Centre de recherche médecine, sciences, santé, santé mentale, société, est un laboratoire multidisciplinaire consacré à l'analyse sociale des transformations des mondes des sciences, de la médecine et de la santé ainsi que leurs rapports à la société. Le laboratoire réunit des sociologues, des historiens, des anthropologues, des politistes, des économistes et des psychologues. Le Cermes3 est un laboratoire du CNRS (UMR 8211), de l’Inserm (U988) de l’EHESS et de l’Université Paris Cité.
FACING SILICA se rattache plus particulièrement au nouvel axe de recherche du Cermes3 (dit « Axe 3 : La santé à l’âge de la crise environnementale globale ») qui est consacré aux questions de santé environnementale.