Missions

- réalisation d’un état de l’art synthétique de la littérature sur la question ;
- constitution et mise en ordre d’un corpus documentaire répondant aux objectifs de l’enquête
(comprenant la conception d’un guide d’entretien et la réalisation d’entretiens) ;
- participation à l’animation du projet ANR SciOUTPOSTS (dont une exposition) ;
- rédaction d’un rapport et rédaction ou corédaction de deux articles proposant une analyse des matériaux collectés durant le travail d’enquête, en discussion avec la littérature sur la question et les thématiques du projet SciOUTPOSTS

Activités

Dans ce cadre collectif, le ou la postdoctorant.e aura pour objectif de réaliser une enquête sur la gestion de ces grands équipements scientifiques et leur place dans les politiques scientifiques françaises. Il ou elle se centrera sur les spécificités de la gestion de ces équipements situés en 'milieu isolé', et en particulier dans les outre-mer français (Guyane, Martinique-Guadeloupe, Réunion, Polynésie, TAAF) ou dans des pays étrangers (observatoires astronomiques ou arctiques). La recherche devra explorer, mieux préciser la tension persistante entre leur intégration au sein de catégories génériques des politiques de recherche françaises et les particularités de leur fonctionnement dans des territoires marginaux. Cette tension s’exprime par exemple par le fait que le CNRS est un acteur majoritaire des grandes infrastructures de recherches, mais que sa présence affirmée dans les outre-mer est récente et en pleine transformation. Un autre enjeu important sera aussi de mieux caractériser ce que les politiques de recherche désignent par l’expression 'grande infrastructure de recherche'. En effet, si le projet SciOUTPOSTS se concentre sur des infrastructures matérielles souvent construites autour d’instruments spécifiques et ancrées dans des territoires particuliers, l’expression renvoie aussi à la notion d’infrastructure digitale ou à un réseau multilocal de production de données, ou pourrait même désigner un certain modèle de gouvernance.
Cette analyse devra être située au sein de la littérature sur l’étude des politiques
scientifiques et des infrastructures de recherche, en focalisant l’attention sur les stratégies nationales, les cadrages politiques, les instruments (normes s’appliquant à la gestion financière, aux conditions de travail ou la sécurité) et catégories (comme celle de 'Infrastructure de Recherche' puis 'Très Grandes Infrastructures de Recherche (TGIR)') de l’action publique, sur la période 1945-2025. En plus de ce cadrage historique sur la période, l’analyse devra viser plus spécifiquement deux phénomènes, en lien avec les thématiques centrales du projet SciOUTPOSTS : l’européanisation de ce domaine de l’action publique (tant pour le financement des grands programmes de recherche que la mise en réseau des infrastructures de recherche), ainsi que les problèmes posés par la mise en œuvre de cette politique au niveau des différents territoires ultramarins.

Compétences

Niveau Doctorat (bac+8) : il vous est proposé un an de contrat post-doctoral pour un.e
docteur.e en sciences politiques, sociologie, histoire. Une bonne maitrise à la fois des études sociales des sciences et de la sociologie de l’action publique sera particulièrement appréciée.
La maitrise de l’anglais est nécessaire.
- Discipline de la thèse : Politique des sciences (Sociologie de l’action publique, Sciences
Politiques, Histoire, Science studies, Sociologie)

Contexte de travail

Ce Post-doc s’inscrit dans le projet SciOUTPOSTS (https://scioutpost.hypotheses.org/),
financé par l’ANR (2023-2027) et coordonné par David Dumoulin Kervran. SciOUTPOSTS
réunit des sociologues des sciences et du travail pour mettre à l’épreuve d’enquêtes empiriques la notion d’'avant-poste de la science', comme moyen de caractériser des sites de production scientifique typiques de l'expansionnisme impérial qui ne correspondent ni au modèle du laboratoire, ni à celui du terrain ou de l’expédition. Les enquêtes de chacun des 11 chercheur.e.s ainsi réunies permettent d’élaborer une comparaison inédite entre les stations de biologie tropicale et de biologie marine, les observatoires volcanologiques, les observatoires astronomiques, les stations météorologiques, les bases arctiques et antarctiques, mais aussi certains lieux scientifiques plus liminaires, comme les 'maisons de fouille' en archéologie
ou les projets de bases scientifiques dans l’espace. Cette recherche collective comparative, centrée sur les outre-mer français permet d’explorer cinq dimensions de ces lieux d’activité : leur matérialité (les avant-postes sont dotés de bâtiments conçus pour une occupation continue à des fins scientifiques) ; leur géographie (ils sont situés sur des territoires éloignés des métropoles et relativement difficiles d'accès) ; leur politique (l’installation de ces bases répond à des objectifs scientifiques, mais s’inscrit aussi dans un cadre politique plus général, orientant notamment les liens des scientifiques avec les sociétés locales) ; leur sociabilité (ces sites induisent une vie collective particulière, marquée par l’entrecroisement des espaces privés et professionnels) ; leur épistémologie (les pratiques scientifiques ancrées dans la spécificité territoriale des avant-postes sont pensées pour la production d’un savoir universel).